Les traumatismes modernes : le traumatisme « par identification »
Novembre 2023
Dans notre société, les informations au sujet de l’actualité et la violence dans le monde nous arrivent chaque seconde plus vite et plus intensément
La notion de traumatisme est assez commune et vulgarisée, tout le monde en a une représentation. Mais selon le sens commun, le traumatisme est souvent lié au passé, et surtout à quelque chose de vécu, hors il se trouve que les vidéos « en live » d’horreurs de guerre, d’attentats ou de souffrance d’êtres humains quelle que soit la distance à laquelle ils se trouvent peuvent aussi générer des traumatismes que l’on pourrait qualifier de traumatismes par identification. Il s’agit là d’un mécanisme d’identification à la victime, c’est-à-dire qu’en visionnant une vidéo, le journal télé ou même en lisant un article, on s’identifie à la personne victime, plus vulgairement on s’imagine à sa place. Le mécanisme d’identification fait partie des piliers inconscients de l’humanité, tous les enfants s’identifient à leurs parents et aux adultes qui les entourent, tantôt à leur père, à leur mère, leurs frères et sœurs, puis cela se déplace sur d’autres personnes plus lointaines. Ce mécanisme se réactive tout au long de la vie, où il s’opère des transferts d’identification : On peut voir inconsciemment la figure de son père ou de sa mère chez une amie ou un conjoint. Lorsque l’on est confrontés à des scènes d’horreur, ce mécanisme se réactive aussi, et on vit inconsciemment ce qu’a vécu la victime. Les symptômes sont ensuite les mêmes que pour un traumatisme réellement vécu : cauchemars, crises d’angoisses, images revenant à répétition comme des « flashs ». Ces symptômes sont à prendre au sérieux et ne doivent pas être minimisée sous prétexte qu’il n y a pas eu de vécu, c’est une forme de vécu passif de l’horreur, à travers l’autre. C’est donc une forme de traumatisme indirect, par identification à la victime.